Étude contrastive sur l’emploi à valeur d’inférence auditive : les verbes d’audition involontaire entendre et kikoeru en français et en japonais contemporains
DOI :
https://doi.org/10.70637/qvfasx42Mots-clés :
verbe d'audition involontaire, perception, inférence, compréhension, fictivitéRésumé
Problématique : Le verbe entendre en français désigne la compréhension, et il peut aussi représenter la compréhension incarnée par la perception auditive. Cette signification, appelée inférence auditive, est généralement associé à la simulation, une forme de fictivité, et rappelle une construction spécifique en japonais où le verbe d’audition involontaire kikoeru est combiné avec un élément grammatical exprimant la comparaison métaphorique (ex. yōni, mitaini). Objectifs : Cette recherche vise à mettre en évidence, par une comparaison entre le français et le japonais, une caractéristique inédite des emplois à valeur d’inférence perceptuelle, à savoir que les verbes entendre en français et kikoeru en japonais n’expriment pas directement l’inférence perceptuelle, mais le font au sein de constructions intégrant des marqueurs linguistiques spécifiques. Méthode : L’analyse s’appuie sur les corpus Frantext (17 836 occurrences du verbe entendre) pour le français et Balanced Corpus of Contemporary Written Japanese (500 sur 9 151 occurrences du verbe kikoeru) pour le japonais. Deux méthodes d’analyse ont été utilisées : l’analyse multidimensionnelle des similarités a été réalisée à l’aide du logiciel statistique KH Coder 3, tandis qu’une analyse manuelle a permis de caractériser les emplois à valeur d’audition involontaire et de compréhension auditive. Résultats : L’inférence auditive est plus fréquente avec le verbe kikoeru en japonais qu’avec le verbe entendre en français. Toutefois, en français, la subordonnée introduite par la conjonction comme si, par rapport à la subordonnée introduite par la conjonction que, tend à s’employer plus fréquemment pour l’expression de l’inférence auditive. Conclusions : Cette recherche montre que, malgré une fréquence d’usage plus élevée de l’inférence auditive avec kikoeru en japonais, des similitudes existent avec entendre en français, notamment via la subordonnée introduite par la conjonction comme si. Ces résultats suggèrent un mécanisme cognitif partagé entre les deux langues pour l’expression de l’inférence perceptuelle, contribuant ainsi à une meilleure compréhension des liens entre la perception, la simulation et les constructions linguistiques dans une perspective contrastive.
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© Daiki Yoshitake (Auteur-e) 2025

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