La formalisation de la notion de défectivité chez les grammairiens de l’Antiquité grecque et latine : étude en contexte des termes ellipês [ἐλλιπής] et defectiuus

Auteurs-es

  • Lucie Cordier Auteur-e

DOI :

https://doi.org/10.70637/42xvgx20

Mots-clés :

défectivité, grammaire, grec, latin, Antiquité

Résumé

Problématique : La défectivité est généralement reconnue comme un phénomène grammatical permettant la catégorisation morphologique de termes dont la flexion présente des manquements en regard de leur paradigme. En grammaire moderne, elle est notamment appliquée aux verbes, avec la sous-catégorie grammaticale des « verbes défectifs ». L’étymon latin du terme « défectif » – defectiuus –, tout comme son équivalent grec – ellipês [ἐλλιπής] – sont établis chez les grammairiens grecs et latins antiques. Toutefois, ces termes ne semblent pas avoir fait l’objet d’une étude approfondie malgré de nombreux travaux sur la terminologie grammaticale antique. En particulier, les contributions des grammairiens grecs au phénomène restent inexplorées. Objectifs : (1) Déterminer dans quelle mesure les grammairiens grecs antiques ont reconnu et traité la défectivité en tant que phénomène grammatical (2) Déterminer si la défectivité a pu s’appliquer à d’autres catégories grammaticales que le verbe chez les grammairiens grecs et latins antiques. Méthode : 64 occurrences des termes ellipês (n = 26) et defectiuus (n = 38) extraits du Thesaurus Linguae Graecae et de la Library of Latin Texts ont été analysées selon plusieurs paramètres, comme : (1) le sens en contexte des termes – avec une distinction entre un usage « non technique », où le terme n’est pas utilisé dans une acception grammaticale et ne désigne pas la défectivité ; ou un usage « technique », où le terme est utilisé dans une acception grammaticale et désigne le phénomène (2) les catégories et paramètres grammaticaux désignés par ces termes. Résultats : Le corpus grec ne contient que 3 occurrences techniques du terme ellipês ; les autres occurrences (n = 23) désignent plutôt le procédé rhétorique de l’ellipse ou d’autres réalités plus communes. En revanche, une forte majorité (n = 35) des occurrences du terme defectiuus du corpus latin est technique. Dans les occurrences présentées issues des deux corpus, les usages techniques des termes désignent surtout les verbes mais aussi les substantifs. Conclusions : Tant chez les grammairiens grecs que latins, la défectivité est évoquée par l’utilisation d’un terme lexicalisé, ce qui suggère un certain degré de formalisation du phénomène. L’état du corpus grec ne permet pas d’obtenir des résultats aussi précis que pour le corpus latin, mais leur analyse respective montre que le processus de formalisation grammaticale est opéré de manière similaire. La défectivité s’appliquait aussi bien aux verbes qu’aux substantifs, ce qui indique que la restriction du phénomène aux seuls verbes ne s’est établie qu’à une période ultérieure.

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Publié

20-12-2024

Numéro

Rubrique

Articles

Comment citer

Cordier, L. (2024). La formalisation de la notion de défectivité chez les grammairiens de l’Antiquité grecque et latine : étude en contexte des termes ellipês [ἐλλιπής] et defectiuus. Actes Des Journées De Linguistique, 1, 73-88. https://doi.org/10.70637/42xvgx20