Se disposer au dialogue. 'La phénoménologie du coeur' de Stephan Strasser
Résumé
Cet article analyse les éléments constitutifs de ce que Strasser nomme lui-même une « phénoménologie du dialogue » (1969), laquelle repose sur une double tentative : il s’agit, premièrement, de restaurer une phénoménologie de l’intériorité, après la critique husserlienne puis merleau-pontienne du cogito cartésien ; 2/ deuxièmement, de prendre en compte la primordialité de l’affectivité dans la constitution de l’éthique, au moyen d’une archéologie du sujet qui place la rencontre de l’autre, sous la forme d’un « Tu », au premier plan du surgissement du monde commun. Pour mener à bien cette entreprise, Strasser refonde l’anthropologie philosophique en réintroduisant la notion de « cœur » (Gemüt ; thumos), véritable zone intermédiaire et lieu de métabolisation et de métaphorisation du réel qui rend la visée descriptive de la phénoménologie, sous la forme d’une explicitation des différentes couches de la réalité, compatible avec la visée normative et universelle de l’éthique.