Appel à textes - Intersectionnalité et décolonisation
Appel à textes: Étudier le pouvoir au prisme de l'intersectionnalité et de la décolonisation
Facteurs humains : revue en sciences humaines et sociales de l’Université Laval invite les étudiantes et étudiants des cycles supérieurs en sciences humaines et sociales à soumettre un article dans le cadre du nouveau numéro thématique intitulé « Étudier le pouvoir au prisme de l’intersectionnalité et de la décolonisation », à paraître en automne 2026. Ce numéro spécial est dirigé par deux doctorantes en communication publique, Clara Tabra-Osorio et Marie-Pier Hupé-Mongeon, et une doctorante en management, Katherine Robitaille. Il est coordonné par Khaoula Zoghlami, professeure assistante au département d’information et communication.
Objectifs de la revue :
L’objectif principal de la revue est de promouvoir et de valoriser la recherche réalisée par les membres de la communauté étudiante des 2e et 3e cycles dans les domaines des sciences humaines et sociales, encourageant un dialogue interdisciplinaire. Elle accueille ainsi les articles d’étudiantes chercheuses et étudiants chercheurs qui souhaitent faire l’expérience de leur première publication scientifique et partager les découvertes qui mettent en lumière l’importance de la recherche en sciences humaines et sociales dans la compréhension des enjeux contemporains ou passés.
Description du sujet :
Dans ce numéro thématique, la revue souhaite réfléchir aux apports de l’intersectionnalité et de la décolonisation aux recherches en sciences humaines et sociales qui examinent les relations de pouvoir. L’intersectionnalité et la décolonisation sont des prismes épistémologiques, théoriques et méthodologiques et des praxis critiques mettant au centre de leurs analyses les inégalités, les rapports de pouvoir et les systèmes d’oppressions (Bilge et Collins, 2023). Ces approches ont été théorisées par les mouvements de luttes afroféministes, Autochtones, anti-colonialistes, et pour la justice sociale (Collins, 2015 ; Basile, 2022 ; Léger et Morales-Hudon, 2017 ; Lugones, 2019 ; Fanon, 2002[1961] ; Gabriel et Carleton, 2024 ; Pictou, 2020 ; Simpson, 2001, 2017 ; Sloat, 2024 ; Thiongʼo, 1986). Toutefois, leur institutionnalisation et popularité récentes dans le milieu universitaire ne sont pas sans soulever des critiques concernant, notamment, le blanchiment de l’intersectionnalité et sa dépolitisation (Nash, 2014 ; Bilge, 2015, 2020), la métaphorisation et la décontextualisation de la décolonisation (Moosavi, 2020 ; Romulus, 2022 ; Tuck et Yang, 2022). Ce numéro se concentre sur les différents usages, les limites et les mises en application théoriques, méthodologiques et analytiques de l’intersectionnalité, ou de la décolonisation, dans l’examen des processus sociaux et politiques, des discours, des pratiques et des expériences. Il a également pour objectif de rendre compte des défis et des réflexions d’ordre épistémologique, éthique et méthodologique que ces approches soulèvent.
Les articles recherchés dans le cadre de cette thématique spéciale doivent porter sur l’une ou l’autre des deux notions (intersectionnalité ou décolonisation) ou intégrer les deux. Ils peuvent examiner (sans s’y limiter et dans leur imbrication) un ou plusieurs des enjeux suivants : racialisation, colonialisme, classisme, sexisme, genre, hétérosexisme, capacitisme, religion, mobilité/migration et statut. Nous accueillons les contributions interdisciplinaires. Elles peuvent provenir de l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales, y compris mais sans s’y limiter : communication, sociologie, science politique, anthropologie, droit, philosophie, histoire, relations industrielles, éducation ou études féministes et décoloniales. Nous encourageons toutes les approches méthodologiques, particulièrement les méthodologies créatives, ethnographiques, auto-ethnographiques et phénoménologiques critiques.
Les thématiques suivantes ne sont pas exclusives, mais sont vivement encouragées et peuvent servir d’inspiration pour les propositions d’articles, de notes de recherche ou de revues de littérature :
- Relation entre l’intersectionnalité, la décolonisation : imbrications, continuités, ruptures.
- Rapports au territoire, autochtonie et autochtonisation.
- Institutionnalisation de l’intersectionnalité, de la décolonisation : tensions, expériences et pratiques.
- Enjeux et pratiques du numérique à travers l’intersectionnalité ou la décolonisation.
- Représentations et pratiques de résistance, luttes et mouvements sociaux pour la justice sociale et environnementale, coalitions et solidarités.
- Mouvements et discours politiques/sociaux, suprémacistes blancs, transphobes, masculinistes, fascistes et (néo)colonialistes.
- Temporalités et spatialités marginales et dominantes (ex. queer, frontalières, etc.).
- Éthique, réflexivité et politique de la recherche au prisme de l’intersectionnalité ou de la décolonisation.
- Positionnalités, identités, essentialisme et essentialisme stratégique, métissages, hybridations et créolisation.
- Relations et rapports de pouvoir entre pays dits des Nords et des Suds.
La revue Facteurs humains accepte, dans le cadre de cet appel, les articles empiriques, théoriques et méthodologiques et les revues de littérature (6000-8000 mots), les comptes rendus critiques (3000-4000 mots) et les notes de recherche (1000-4000 mots). Les critères d’évaluation se trouvent dans les Directives de rédaction, disponibles sur le site Web de la revue, sous l’onglet Soumission.
Propositions et soumission des articles :
Afin de permettre à l’équipe éditoriale de planifier l’arbitrage, les étudiantes et étudiants souhaitant soumettre un article sont invités à communiquer leur titre provisoire ainsi qu’un court résumé d’environ 100 mots en remplissant le formulaire de proposition d’article avant le 19 octobre 2025.
Les articles doivent être soumis avant le 5 janvier 2026, en format Word sous l’onglet Soumission du site Web de la revue. Les Directives de rédaction y sont également détaillées et un Gabarit de rédaction peut y être téléchargé.
Formation Rédaction d’un article scientifique :
Les étudiantes et étudiants désirant soumettre un article sont invités à participer à la formation Rédaction d’un article scientifique qui aura lieu le 10 octobre 2025. Les inscriptions sont obligatoires. Pour tous les détails, consultez la page de la formation.
Atelier d’écriture :
L’équipe de direction du numéro vous invite à un atelier intitulé « Écrire autrement » qui aura lieu le 22 octobre à 9h30 à la salle CSL-3730 du pavillon Louis-Jacques-Casault. Cet atelier a un double objectif. D’abord, répondre à vos questions sur le numéro spécial et créer un espace d’échange entre les auteurices qui prévoient soumettre des propositions de textes. Ensuite, c’est aussi un atelier de réflexion, d’entraide, de co-construction et de partage sur l’écriture scientifique, ses défis et ses pratiques.
Pour nourrir la discussion, nous vous suggérons cette lecture disponible en libre accès : Richardson, Elizabeth et al. (2022[2005]). « Écrire : une méthode de recherche », Communication [En ligne], 39 (1), http://journals.openedition.org/communication/15395
Les places sont limitées et l’inscription est obligatoire. Pour confirmer votre participation à cet atelier, prière d’écrire à khaoula.zoghlami@com.ulaval.ca.
L’équipe de direction du numéro est impatiente de recevoir vos articles et de découvrir comment vos recherches contribuent à une meilleure compréhension des enjeux liés à l’intersectionnalité et à la décolonisation.
N’hésitez pas à nous contacter par courriel à l’adresse revue-facteurs-humains@ulaval.ca pour plus de renseignements.
Le comité éditorial de la revue Facteurs humains
Références
Basile, S. (2022). Femmes autochtones et enjeux environnementaux. Dans M. Sondarjee (dir.) Perspectives féministes en relations internationales (p. 53-60). Les Presses de l’Université de Montréal.
Bilge, S. (2020). The fungibility of intersectionality: An Afropessimist reading. Ethnic and Racial Studies, 43(13), 2298‑2326. https://doi.org/10.1080/01419870.2020.1740289
Bilge, S. et Collins, P. H. (2023). Intersectionnalité : Une introduction. Éditions Amsterdam.
Bilge, S. (2015). Le blanchiment de l’intersectionnalité. Recherches féministes, 28(2), 9‑32. https://doi.org/10.7202/1034173ar
Collins, P. H. (2015). Intersectionality’s definitional dilemmas. Annual Review of Sociology, 41(1), 1‑20. https://doi.org/10.1146/annurev-soc-073014-112142
Gabriel, K. E. et Carlton, S. (2024). When the Pine Needles Fall: Indigenous Acts of Resistance. Between the Lines.
Gill, G. (2024). Centring intersectionality and decolonisation in an online undergraduate gender and development course in Canada. Development in Practice, 34(7), 918-924. https://doi.org/10.1080/09614524.2024.2332261
Léger, M. et Morales Hudon, A. (2017). Femmes autochtones en mouvement : fragments de décolonisation. Recherches féministes, 30(1), 3-13. https://doi.org/10.7202/1040971ar
Lugones, M. 2019. La colonialité du genre. Les cahiers du CEDREF, 23, 46-89. http://journals.openedition.org/cedref/1196
Fanon, F. (2002[1961]). Les damnés de la terre. La Découverte.
Fotaki, M., et Pullen, A. (2023). Feminist theories and activist practices in organization studies. Organization Studies, 45(4), 593-616. https://doi.org/10.1177/01708406231209861
Nash, J. C. (2014). Institutionalizing the margins. Social Text, 32(1 [118]), 45‑65. https://doi.org/10.1215/01642472-2391333
Mason, C. L. (2019). Buzzwords and fuzzwords: Flattening intersectionality in Canadian aid. Canadian Foreign Policy Journal, 25(2), 203-219. https://doi.org/10.1080/11926422.2019.1592002
Moosavi, L. (2020). The decolonial bandwagon and the dangers of intellectual decolonisation. International Review of Sociology, 30(2), 332-354.
Pictou, S. (2020). Decolonizing decolonization: An indigenous feminist perspective on the recognition and rights framework. South Atlantic Quarterly, 119(2), 371–391.
Rigon, A. (2025). A review of intersectionality and climate change and the potential of intersectional participatory methods and storytelling to coproduce climate justice. Climate and Development, 1-3. https://doi.org/10.1080/17565529.2025.2477105
Romulus, C. (2022). Le potentiel émancipateur et le risque de blanchiment des perspectives décoloniales. Dans M. Sondarjee (dir.), Perspectives féministes en relations internationales (p. 35-42). Les Presses de l’Université de Montréal.
Simpson, L. B. (2001). Aboriginal peoples and knowledge: Decolonizing our processes. Canadian Journal of Native Studies, 21(1), 137-148.
Simpson, L. B. (2017). As We Have Always Done: Indigenous Freedom through Radical Resistance. University Of Minnesota Press.
Sloat, S. (2024). Qu’entend-on par autochtonisation ? Affaires universitaires. https://www.affairesuniversitaires.ca/opinion-fr/quentend-on-par-autochtonisation/
Thiong’o, N. (1986). Decolonising the Mind: The Politics of Language in African Literature. James Currey.
Tuck, E., Yang, K. W. (2022[2012]). La décolonisation n’est pas une métaphore (traduit par J.-B. Naudy). Éditions Rot-Bo-Krik.