Série du réseau PÉRISCOPE : Participation de l'enfant dans son groupe. Appel de textes
Selon les travaux de Barbara Rogoff (1995, 2002, 2014) apprendre, c’est participer à une communauté. Au travers de cette participation, l’enfant s’approprie progressivement le langage, les valeurs, les normes et autres artéfacts de sa communauté d’appartenance. En participant activement à sa cellule familiale, sa classe ou son groupe afin d’y contribuer, l’enfant modifie sa participation au sein de celle-ci, et d’ainsi y faire des apprentissages (Rogoff et al., 2002; Rogoff, 2014). Cependant, il semble que le système éducatif, tel qu’on le connait aujourd’hui, soit davantage axé sur un modèle bureaucratique, administratif de l’école et de l’apprentissage (Rogoff, 2014), laissant ainsi peu de place à l’intensification de la participation de l’enfant aux activités de sa communauté.
Néanmoins, que l’on soit enfant, adulte, éducateur·rice, enseignant·e ou même directeur·trice d’établissement, repenser l’école dans une vision plus coopérative et collaborative de l’apprentissage pourrait être une façon intéressante de contrer certaines lacunes de notre système éducatif actuel. Le modèle d’organisation des apprentissages en sept facettes de Rogoff (2014), appelé LOPI en anglais, nous permet de repenser les rôles de l’enfant dans ses apprentissages, ainsi que ceux des personnes (parents, enseignant·es, enfants plus vieux, etc.) qui l’entourent quotidiennement. Ce modèle nous permet également de prendre en compte les apprentissages formels et informels, et leurs aspects développementaux (Rogoff, 1995, 2014).
Cela étant dit, plusieurs constats généraux issus du colloque PÉRISCOPE « L'enfant et sa participation de plus en plus compétente dans ses milieux » (5 mai 2021 à l’ACFAS) soulignent que plusieurs enfants souffrent ou sont en situation difficile dans certains de leurs milieux (maison, école, services de garde, etc.). L’agentivité, c’est-à-dire avoir un pouvoir d’agir et être capable de contribuer à ce qui nous arrive est un aspect important du développement positif de l’individu, de l’apprentissage et de la réussite scolaire (Boylan et al., 2018; Rogoff et al., 2007). Dans cette ligne de pensée, nous nous demandons si nous laissons assez de place à l’enfant dans leurs milieux, à leurs différences et à leurs besoins variés. Y a-t-il place à la participation de l’enfant à sa communauté afin non seulement d’y faire des apprentissages, mais aussi de développer son agentivité?
Dans ce numéro thématique, nous sollicitons les publications écrites qui abordent cette thématique et qui pourraient répondre aux questions suivantes :
- Quelle place pour la participation de l’enfant ?
- Quel rôle de l’enfant dans les décisions qui le concernent ?
- Comment faire pour que l’enfant participe activement aux activités de son groupe ?
- Comment créer un environnement sécuritaire où l’enfant peut participer sans crainte ?
En adressant ces questions, nous pourrions mieux comprendre les éléments qui favorisent la participation de l’enfant dans son groupe et les effets qu’une intensification de celle-ci pourrait avoir sur ses apprentissages et son agentivité.